
Lettre à tous les examinateurs de ce pays, et en particulier à celle qui a fait passer son permis de conduire à ma fille cette semaine.
A vous qui ne devez plus lire le Larousse depuis votre entrée en 6è, j’ai envie d’apprendre un nouveau mot : bienveillance !
Je vous propose donc la définition dudit Larousse, qui malgré l’existence de Wikipédia reste une référence : « disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui : interroger des candidats avec bienveillance ».
Pourrait-on, sans faire preuve de peace and love post Woodstock, imaginer que vous, examinateurs en tout genre, puissiez réaliser un jour que mettre un candidat à quoi que ce soit dans de bonnes conditions, ne peut que lui permettre de donner le meilleur de lui-même ?
Pourrait-on imaginer un pays et un système sans stress, sans carotte et sans bâton, exempt de petits chefs à tous les étages ?
Pourrait-on imaginer qu’un jour vous repreniez votre place de pédagogue et non celle de quelqu’un avide d’exercer son pauvre petit pouvoir ?
Pourrait-on imaginer qu’un examen, un concours, une épreuve susceptible de déterminer l’avenir d’une personne, puisse ne pas être une mise à mort dans une arène ?
Pourrait-on espérer que vous soyez capable de vous souvenir que vous avez sans doute quelque part un fils, une fille, un ami, une amie, que vous aimeriez voir traiter avec l’humanité et la bienveillance que vous oubliez d’exercer ?
Pourrait-on imaginer, à votre décharge, une société où le système ne vous mettrait pas vous-même sous pression ?
Pourrait-on imaginer que vous soyiez capable de prendre du recul, de réfléchir, de vous poser en être humain, et de refuser de vous débarrasser de cette pression sur les épaules d’un candidat qui n’est là que pour faire valider ses connaissances ?
Pourrait-on imaginer que vous sachiez foutre la paix à ces mêmes candidats, que vous ayiez à cœur de les laisser faire ou s’exprimer sans les interrompre ou les stresser toutes les dix secondes ?
Pourrait-on imaginer, que dans un souci d’équité, il soit possible de filmer les examens, de proposer au candidat de noter son examinateur, puisque l’évolution de notre société nous permet maintenant via Internet de noter le directeur d’une banque à l’issue d’un rendez-vous (en espérant que par équité encore, il ait la possibilité de nous noter à son tour) ?
Je n’en veux pas à cette examinatrice, je la plains d’avoir une vie qui l’amène à se comporter de cette façon.
Je préfère mille fois que ma fille, qui n’a toujours pas son permis, soit dans sa peau que dans la sienne.